Rencontre du Président avec la presse béninoise
L’INTEGRALITE DES PROPOS DU PRESIDENT BONI YAYI
LORS DE SA RENCONTRE AVEC LA PRESSE BENINOISE
Le Jeudi 01 février 2006 vers 18h au Palais de Présidence
Les membres de la presse et des média, je crois que nous avons retenu de nous retrouver dans le cadre de la présentation des vœux, je me rends compte que vous vous été conformés à travers le message de votre porte parole. Vous avez exprimé vos préoccupations. Nous allons accepter le principe d’échange puisque pour le respect du principe de la liberté de presse, nous allons tout faire pour éviter d’entretenir des contacts qui sont susceptibles d’être mal interprété. C’est aussi le respect de la liberté de presse .Si vous faites partie peut être des derniers à être reçus dans le cadre de cette tradition de présentation de vœux, cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas dans le cœur du Président. Vous êtes au contraire au fronton de nos priorités c’est pourquoi je vais mettre de coté le discours que mes collaborateurs m’ont préparé pour que nous puissions échanger, nous regarder dans les yeux et que chacun de nous en partant d’ici soit rassuré. Je suis aussi rassuré que je suis présent dans votre cœur et je vous rassure que vous êtes toujours au point central de mon cœur. C’est pourquoi j’ai demandé aux ministres qui sont à coté de moi de se préparer à vous répondre sur chacun des points qui vous préoccupent. Moi je vais introduire pour vous dire au nom de la sincérité de mon équipe nous allons rentrer dans les détails sur les différents points que vous avez posés. Je crois que c’est la meilleure manière de nous comprendre. Nous allons échanger des discours et après chacun de nous une fois parti, poserait des questions en disant : « sur tel point il a dit quoi ? ».C’est pourquoi nous allons sortir du cadre protocolaire pour que nous puissions échanger .Mes chers amis, je veux être sincère. Il ne faut pas mal interpréter mes propos. Cela vient du fond de mon cœur et c’est pourquoi j’ai mis le discours de côté .Loin de moi d’utiliser des termes péjoratifs, loin de moi de vous ignorer mais je vais être sincère. Je crois que nous sommes ici tout en reconnaissant qu’il y a un Etre Suprême et que chacun de nous a une foi vis à vis de celui là qui a créé le ciel et la terre. Nous sommes ensemble parce que nous n’avons pas le droit de mentir, nous devons nous dire la vérité. Et c’est justement dans cette perspective que je vous parle d’abord en vous retournant mes vœux au nom de la nation .Mes vœux parce que j’ai bien demandé à notre Dieu qui a créé le ciel et la terre de vous combler de ces bénédictions de déverser sur notre nation toute sa grâce et toute sa paix. Parce qu’en dehors de lui, la vie n’est pas concevable. Si nous sommes ensemble aujourd’hui c’est parce qu’Il a voulu car aucun de nous ne sait ce qui se passera autour de lui en une fraction de seconde. Donc Il existe, Il est vivant. Il organise notre vie, il organise ce monde extérieur. Il vous comblera de ses bénédictions, Il vous assistera, IL vous garantira la paix du cœur de vous-mêmes et de vos familles respectives. Nous devons lui rendre grâce parce qu’Il n’a pas oublié notre nation. Nous faisons partie et vous avez su bien le dire en parlant de liberté et de paix. Vous avez des foyers de tension partout .Ces foyers de tension découlent d’une manière générale des effets de la mal gouvernance ou à l’occasion des différentes consultations électorales. Pour ce dernier point il nous est utile parce que nous avons organisé plusieurs alternances sans effusion de sang c’est pourquoi nous devons lui rendre grâce. Et devant vous et sans hypocrisie, je remercie toute la nation .D’abord ceux qui m’ont précédé. Je le dis parce que c’est la première fois que nous nous rencontrons depuis qu’il m’a placé à la tête de notre nation. Je profite pour saluer la mémoire de ceux qui nous ont gouverné et qui ont été rappelés par Dieu. Féliciter vous tous, toute la classe politique, la presse, la société civile tout le monde parce que nous jouissons de cette paix. Mes chers amis je vous dis que c’est la première fois qu’on se rencontre et je dois vous dire ce que je pense. Pour ma part, mon grand souhait est qu’on soit ensemble pour que notre nation soit libre parce que un peuple affamé n’est jamais libre. Un homme affamé n’est jamais libre. Un journaliste affamé n’est jamais libre. Un banquier affamé n’est jamais libre. Un syndicaliste affamé n’est jamais libre. C’est pourquoi je pense que la meilleure manière de régler vos problèmes c’est que nous rentrions dans les racines de ce qui nous arrive. Vous m’avez écouté lorsque je suis passé à l’université. Je suis allé voir et j’ai trouvé…j’ai failli pleuré parce que notre université n’est pas du tout le reflet de nos ambitions. Notre école n’est pas le reflet de nos ambitions. L’état de nos routes de nos hôpitaux, les salaires, les professionnels de la presse et des média et j’ai dit ceci : et c’est notre faute à nous tous. Nous assumons nous tous. Nous avons une part de responsabilité. C’est pourquoi en étant devant vous, vous n’êtes pas n’importe qui. Je vais profiter de cette occasion puisque je n’ai pas la chance de vous rencontrer tous les jours. Nous avons dit nous sommes venus mais nous ne savons même pas comment nous sommes arrivés à ce niveau tout cela c’est la volonté de Dieu. Mais nous sommes convaincus d’une chose. Pour être heureux il faut combattre au côté des pauvres et que en réalité c’est le choix que nous devons faire. Nous voulons une vision claire, où conduisons-nous notre nation ?nous allons proposer à notre nation la vision de prospérité .Aujourd’hui chacun de nous sait dans quelle situation dramatique il se trouve. Je vous regarde dans les yeux, vous ne m’affichez pas l’air d’être heureux. Et c’est la vérité. Je me serais trompé si j’interprète mal la lecture que je fais de vos visages. Vous n’êtes pas heureux. Vous avez parlé de la presse. Tout est lié. Si la nation n’est pas prospère, la presse n’est pas prospère. Naturellement nous avons un revenu par tête de 300 dollars. J’allais dire il y a quelques années, les années 60 75,nous étions promotionnaire à des pays comme
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C’est pour cette raison que je crois et je demeure persuadé que nous avons des problèmes avec la presse. Mais avant d’en arriver là, je vais vous dire là où je vous attends. Que nous puissions aller rapidement vers la professionnalisation. Il faut que vous vous retrouviez et que vous m’indiquiez le chemin à suivre. Vous êtes des professionnels, mais excusez moi le terme, peut-être « Affamés ». Je ne veux pas être péjoratif, ne lisez pas cela sous un sens péjoratif parce que je vous adore, je vous aime tous. Je veux par conséquent que vous soyez heureux. Mais si vous n’êtes pas professionnels dans votre travail, notre démocratie n’ira nulle part, et je suis convaincu de cela. C’est pour cela que nous devons vous aider et nous retrouver afin de converger ensemble vers la même direction. J’ai besoin de vous, vous avez besoin de moi. Et la nation a besoin de nous tous. Donc, il faut que l’on cesse d’écrire ce qui nous vient à l’esprit et qui s’avère être sans fondement, mais qu’on écrit quand même parce qu’on attend quelque chose quelque part. Si on veut écrire, il faut qu’on fasse des enquêtes. Il faut qu’on soit sûre de ce qu’on écrit en se disant, mais si j’écris ceci sur Jean, mais pas le président, parce que lorsqu’on est sur ce fauteuil que j’occupe, on devient responsable de toutes les poubelles. C’est ce qui a fait dire à mon cher aîné, le président Kerekou que si son nom devait servir à nourrir les uns et des autres, vive la liberté. Nous sommes aussi dans cette perspective mais ce que nous voulons ajouter, c’est qu’il faut aller rapidement vers la professionnalisation. Seuls, vous ne pouvez pas y arriver parce que vous n’avez pas de moyens. Nous allons par conséquent vous y aider et nous sommes prêts à le faire pour servir correctement notre démocratie. C’est bien cela, qu’est la démocratie. Vous avez parlé de la fiscalité de développement. Mais ce que je peux vous dire, c’est que je vous félicite parce que vous menez un combat terrible sur la liberté de presse. Vous avez raison, c’est prévu dans notre constitution dont je suis garant. J’ai prêté serment, j’ai juré ne pas vous trahir. Et je tiendrai promesse jusqu’au jour où je serai fatigué. A ce moment, je dirai au peuple béninois que je suis fatigué et que je m’en irai pour que ce peuple élise un nouveau responsable pour le pays. Ce n’est pas exclu. Mais tant que je serai là, je ferai tout pour ne pas vous décevoir. Cette constitution est donc claire vous concernant. Vous avez parfaitement raison. Mais la constitution a également insisté, même si elle ne l’a pas dit clairement, elle l’a dit implicitement. Elle a parlé de presse professionnelle, et non de presse « irresponsable ». Celui qui pense que la constitution a parlé de presse irresponsable, je puis dire à cette personne qu’elle s’est trompée. C’est notre constitution à nous tous, nous nous devons de la respecter, et personne ne peut rien y changer. Même pas la plus petite virgule qui y figure. C’est ensemble que nous allons changer la virgule le moment venu. Je crois qu’il y a un problème qui vous préoccupe. Cette loi que vous dites qu’il faut revoir. C’est une loi qui pousse à la responsabilisation qui pousse à une presse professionnelle. Je ne suis pas juriste, mais si je me trompe, lorsque nous allons ouvrir les débats, dites le moi. Là où nous sommes, je crois qu’il y a deux de vos collègues qui sont dans une situation difficile, j’ai appris. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait. Mais lorsque j’en ai été au courant, je me suis dit : « Dieu, je te remercie. Parce que si cela avait été avec moi que le problème était survenu, ils m’auraient chauffé proprement, ces gars là » Au début, on a commencé par dire que c’était le gouvernement, mais quand ils se sont par la suite imprégnés de la situation, ils ont reconnu que ce sont des affaires privées. Mais tant que l’instruction n’est pas terminée, est-ce que j’ai un pouvoir ? Puisqu’il y a peine, est-ce que je arrêter ? Je suis avec vous, et au départ, je suis avec la constitution. C’est vous qui interprétez la constitution, vous l’interprétez mieux que moi d’ailleurs. Pensez vous que je peux arrêter le processus juridique qui est en cours ? L’instruction est en justice, elle n’est pas terminée, et à ce stade des choses, je ne peux rien faire malheureusement. Je ne peux pas m’y immiscer. Je tiens à vous dire qu’un jour, j’ai voulu essayer de téléphoner à mon ami Soumanou et je lui ai demandé pourquoi il fait cela. Qu’il dise au moins que le président n’en est pour rien. Maintenant lorsque l’instruction est terminée, le président peut user de ses prérogatives constitutionnelles que vous connaissez bien, et à ce moment, nous allons nous retrouver et vous verrez si le président est contre la presse ou pas.
Le dernier point, c’est surtout l’avenir. J’ai dit et je répète que je compte sur vous. Je ne peux rien sans vous. C’est impossible Je crois que nous sommes arrivés à un stade où vous avez besoin d’équipement, vous avez besoin d’énergie, d’électricité, etc… mais j’établis un ordre de priorité pour savoir ce qu’il faut régler dans l’immédiat. Je me suis orienté vers l’énergie. Je suis en mesure de vous dire que pour le moment, nous sommes en mesure d’assurer l’électricité moins chère à chaque citoyen béninois à travers ce projet d’interconnexion entre le Nigeria et nous, que nous allons inaugurer le 13 février prochain. L’énergie va nous coûter à peine 28 francs le kw/h et nous ferons tout pour que vous en tiriez profit. Cela nous permet de nous interroger sur le type de relation que nous devons tisser avec notre voisin d’une manière particulière et avec nos voisins de façon générale. Nous devons aller désormais vers le quotidien du peuple. Savoir ce qui préoccupe le peuple au quotidien. Si nous ne procédons pas de la sorte, nous aurons alors pratiqué une politique qui affame. Et le peuple ne veut plus de cette politique qui appauvrit. C’est pourquoi avec le président Obasanjo, au lendemain de notre investiture, nous avons été chez lui dans sa ferme. Et nous lui avons dit : « Nous avons honte » Il a répondu : « De quoi ? » et moi de répondre : « Nous avons honte d’être à côté du géant du Nigeria et d’être pauvre » Il m’a dit « You are right, What do you want now ? » Je lui ai dit que quand je vois ce que
Donc, du point de vue de vos préoccupations, le 6 février, nous allons nous réunir quelques investisseurs internationaux dans le cadre d’une structure que nous appelons le conseil présidentiel d’investissement. Ce conseil va nous montrer du doigt toutes les contraintes auxquelles les investisseurs sont confrontés s’ils veulent apporter de la richesse dans notre pays. Le 08 Février, nous serons à Abuja pour le premier sommet, le Bénin, le Togo, le Nigeria. C’est un sommet de co-prospérité. Le 9 Février, nous allons recevoir madame le ministre de la coopération, qui viendra parler coopération avec nous. Comment améliorer nos conditions de travail. Le 12 Février, le directeur général de l’UNESCO viendra dans le cadre du lancement du forum : « Comment sauver notre école ? » Le 13 Février au matin, nous allons organiser un forum économique entre le Bénin et le Nigeria où nous allons faire venir entre 150 et 200 investisseurs nigérians. Ce sont des personnes importantes, des milliardaires en dollars qui, s’ils sont rassurés, viendront nous aider par rapport aux logements sociaux, des hôtels, des ports et des aéroports, etc ... Le 13 Février dans l’après midi, les chefs d’Etat du Niger, du Ghana, du Nigeria, du Togo et moi-même, nous allons nous transporter vers Sakété, pour recevoir les premiers jus en provenance du Nigeria. Et je crois que ce sera à partir d cet instant, le point de départ, nous allons nous mettre de plein fouet dans un contexte d’auto suffisance énergétique pour que chacun de nous puisse désormais penser à sa stratégie de production. Ce calendrier, je vous le donne afin que vous soyez à nos côtés pour nous aider à expliquer cela à votre tour, parce que ce qui nous préoccupe, c’est votre bonheur, c’est votre prospérité.
Un dernier point, vous en avez entendu parler, je crois que cela conditionne notre vie aussi. J’en ai déjà parlé avec le corps diplomatique. C’est un dossier qui a fait l’objet de débat à Addis Abeba. Lorsque nous voyons notre union, nous nous rendons compte que l’union africaine est en un système qui nous appauvrit de plus en plus qui sème l’insécurité et qui déstabilise plusieurs régimes. Et c’est là où le président Kadhafi a proposé que le passage à l’Union Africaine n’étant pas une grande réussite, pourquoi ne pas aller directement à un gouvernement d’union africaine puisque le dispositif en place manque d’efficacité ? Dans le schéma proposé par le président Kadhafi, le Bénin devient un département et l’Afrique un pays. Il est décidé. Au départ, l’idée n’a pas connu l’approbation de tous ses pairs. Il a donc exercé une pression et finalement, les chefs d’Etat ont décidé de mettre sur place un comité de sages de sept membres présidé par le président Obasanjo, pour pondre un document. Au sommet de Banjul, l’avant dernier sommet, le comité a rendu compte et soutient la démarche à quelques nuances près. Mais nous en sommes arrivés à des débats. D’une manière générale, les gens ont dit qu’ils n’ont pas eu le temps de lire les documents sur place, et qu’il fallait transférer le dossier au comité exécutif, c’est à dire le conseil des ministres. A charge pour ce dernier de rendre compte au sommet d’Addis Abeba. Ce qui fut fait. Dans le compte rendu, les ministres reconnaissent le bien fondé de la proposition, de l’objectif, c’est-à-dire la création des Etats-Unis d’Afrique avec un seul Gouvernement. Mais au préalable, il faut évaluer l’existant. La commission de l’union africaine, toutes les autres institutions et organes qui ont été mis en place, sans calendrier, rien. Du coup, il y a eu deux camps. Il y a un camp qui je crois, regroupe presque toute l’Afrique de l’Ouest. L’autre camp qui regroupe l’Afrique Australe. Alors nous avons proposé ce qui suit : Puisque nous avons des constitutions, chacun doit rentrer dans son pays pour consulter son peuple. Je vous en parle parce que très bientôt, lorsqu’on aura fini avec les législatives, nous allons ouvrir les débats. Que veut le peuple béninois sur cette question là ?
C’est ce que je suis venu vous dire. Moi seul, je ne suis rien. Mon gouvernement seul ne peut rien sans des personnes de bonnes volontés pour nous aider dans notre tâche. Et pour nous, les premiers à pouvoir nous aider de façon efficace, c’est vous, la presse.
Propos retranscrits par Hervé FELIHO et Robert ADANDE
Cellule de la promotion et de la gestion du changement
www.beninhuzu.org
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